donnees electorales cnil primaire ouverte droite centre digitaleboxLe titre de cet article met volontairement les pieds dans le plat et appelle à ne pas cantonner nos réflexions sur les données aux seuls aspects juridiques : pour ne pas passer à côté des enjeux.

– Oui nous allons parler des données de la Primaire ouverte de la droite et du centre.

– Oui elles ont toutes été détruites, passées à l’incinérateur.

– Oui les organisateurs de la droite et du centre avaient d’autres priorités, au premier rang desquelles la bonne tenue du scrutin, la régularité du vote, des résultats incontestables, etc., etc.… avec tous les enjeux et conséquences politiques qui ont été d’ailleurs été très bien expliqués par les organisateurs.

De ce point de vue l’organisation de cette primaire ouverte, une première pour la droite et le centre en France est un succès.

Éditeur de logiciels et professionnels du Big Data en communication politique nous avons trouvé fort dommage et surprenant le traitement réservé aux données : elles ont été détruites.

Les cahiers d’émargements ont été à l’issue du 1er tour mis sous scellés et conservés par les présidents du bureau de vote avant d’être réutilisés pour le 2eme tour, remis sous scellés et envoyés à la haute autorité qui centralisaient toutes les données, qui les a ensuite, toutes détruites.

Des règles plus dures pour la primaire que pour une élection officielle

Les élections présidentielles, municipales, européennes, toutes les élections organisées par le Ministère de l’Intérieur, prévoient et permettent à tous les citoyens français, de consulter les cahiers d’émargements pendant les 10 jours qui suivent une élection en préfecture.

Ces cahiers d’émargements fournissent de précieuses informations sur la participation et permettent de lutter contre l’abstention. Il est dommage que cet aspect n’ait pas été mieux pensé, localement ces données permettent de mettre en place quantité d’actions pour inciter, mobiliser la population à se rendre aux urnes. Les dernières élections, départementales, régionales ont vu des taux d’abstention record, il est impératif de mieux utiliser les données collectées, de bien utiliser des données publiques afin de lutter contre ce phénomène.

Changement de regards sur la data

Il y a quelques années, détruire la totalité des données aurait fait l’unanimité, c’était du bon sens : la seule solution.

Mais voilà, le champ des possibles a été considérablement augmenté.

Les données électorales peuvent maintenant être utilisées dans quantités d’applications et logiciels, la scène CivicTech française regorge d’initiatives d’associations et startups, nourrissons les de ces données, alimentons un cercle vertueux !

(Définition Civictech : Technologies Civic qui permettent de développer l’engagement et la participation des citoyens au débat public et à l’exercice démocratique, la facilitation et l’amélioration des communications des citoyens avec leurs institutions et représentation. La Civic Tech inclut les applications, logiciels et plates-formes permettant d’atteindre ces objectifs).

La CNIL, elle-même a aussi beaucoup travaillé sur le sujet et s’adapte aux évolutions, elle préconise le recueil du consentement avant tout pour chaque collecte de données et diffuse des bonnes pratiques pour leur conservation.

On pourrait facilement invoquer une culture anti-data à la française, mais avec une vue d’ensemble du sujet et une prise de conscience des enjeux. Patriotisme économique, souveraineté informatique, hébergement des données en France, concrètement cet article pourrait être beaucoup plus long, mais ces quelques lignes nous permettent de déjà appréhender l’intérêt, la nécessité de s’emparer de la question du traitement des données.

Un bel exercice démocratique disparu à jamais

Dommage, il est trop tard, au moins pour la primaire de la droite et du centre, pour les autres il n’est pas trop tard pour bien faire.

Donc oui brûler des données peut revenir à bruler des livres, toujours est-il que ce bel exercice démocratique a disparu en fumée, il n’en reste rien, du moins dans les bases de données.

A suivre

Le Lab DigitaleBox