Nous écrivions en novembre 2016 sur la manière dont le rôle des médias dans la campagne électorale américaine avait été complètement modifié. (Relire l’article « Elections US 2016, comment les médias ont perdu le pouvoir »)
Médias mis à l’écart ou tout simplement court-circuités, voir intoxiqués ou concurrencés par les fake news, nous avions relevé un changement structurel dans la communication politique des candidats : ils deviennent leurs propres médias.
Devenant leurs propres médias, ils s’affranchissent des médias traditionnels qu’ils n’utilisent plus qu’en résonance. Peu importe la stratégie de communication choisit, nous laissons le soin à ceux dont c’est l’expertise de commenter les choix et style de communication qu’ils soient macroniens/hollandais/mélenchonistes/sarkosystes.
Un changement structurel concerne tous les protagonistes et rebat les cartes de la relation avec les médias : ils sont devenus leurs propres médias, ou ont l’opportunité de le devenir pour ceux qui ne l’ont pas encore compris.
Les candidats à l’élection présidentielle française l’ont parfaitement intégré, à l’instar de leurs homologues Clinton et Trump, qui nous l’avions détaillé dans notre article de Novembre 2016, avaient poussé très loin cette logique, les candidats français ont mené des campagnes inédites.
Le candidat devient son propre média
Mélenchon a lui totalement créé son propre média, il créé ses propres contenus et émissions avec peu de moyens, il est son propre producteur, choisit ses thèmes, ses invités et contradicteurs, les questions et les réponses, enfin il intègre totalement les codes des youtubeurs.
Le résultat est techniquement une réussite ( on laissera à chacun le soin d’apprécier le message en lui même ). Il permet au candidat de diffuser son message à une très grande audience, d’avoir la maîtrise total d’un interview mais surtout de posséder sa propre audience. Le candidat devient dès lors propriétaire de son audience, on ne lui « accorde plus un temps d’antenne », du moins plus tel qu’on le faisait avant lorsqu’un journaliste décidait ou non ( et dans quels conditions ) d’inviter un candidat (hors temps de parole CSA).
La propriété de cette audience et la maitrise de cet audimat peut être également facilitée par un logiciel d’organisation de communautés tel que DigitaleBox car il permettra de distribuer/diffuser les contenus de manière ciblée et de mettre l’audience en base de données.
Mais pour quelle audience ?
Là les chiffres font très mal, lorsqu’un élu/candidat est sur une radio matinale, quelle est son audience ? 400 000 personnes ? peut être dans une bonne émission. Mais quelle est son audience à travers ses propres réseaux sociaux, quelle est l’audience cumulée de son compte facebook, twitter, linkedin, instagram, youtube, snapchat ? La réponse est simple, parfois plusieurs millions.
Sans forcement être un candidat de premier plan ou étant en mesure d’étre élu président, Dupont Aignan avant le 1er tour où il devait réaliser 4,8% avait réalisé 14 millions de vue lors de la retransmissions sur Facebook (FB uniquement, en dehors des autres réseaux) d’un passage au 20h de TF1, alors que la 1ere chaine avait recueilli une audience bien moindre.
Les médias peuvent donc se rassurer et s’inquiéter, oui ils sont toujours nécessaire, ils apportent une information vérifiée et crédible à leur audimat, mais ils sont aussi désormais concurrencés par leurs propres invités qui les utilisent comme une caisse de résonance.
Devenir son propre média : le début d’une nouvelle ère
Ceci est un tournant, les organisations et pas seulement les politiques, toutes les organisations, les entreprises, ONG, associations et administrations ont la possibilité de devenir leurs propres médias.
Aujourd’hui toutes les organisations ne ménagent pas leurs efforts de communication digitale ( ou du moins elles le devraient ) à travers les blogs, sites web, plateformes d’échanges, réseaux sociaux, messageries instantanées, logiciels et CRM de communication les entreprises créent des communautés et accumulent des contacts et donc… une audience. Libre à chaque organisation donc de créer, produire ses propres contenus et donc de devenir son propre média.
La fin du monopole de l’information
Oui les médias ont perdu le monopole de l’information, on a pu le déplorer avec l’explosion des fake news, qui a des degrés d’organisation très divers, et avec des objectifs d’influence ou purement financiers polluent l’information vérifiée.
Mais il y a eu aussi une fin de monopole imposée par les candidats eux mêmes, à l’instar de Clinton qui « punissait » les journalistes dans les premières semaines de sa campagne en les forçant à suivre ses meetings et interventions sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron a lui aussi contraint les médias à diffuser ses propres contenus depuis ses propres moyens de diffusion.
La scène d’Emmanuel Macron au milieu des ouvriers Whirlpool diffusée uniquement depuis son Facebook Live Vidéo est restée dans tous les esprits, toutes les chaines d’informations en continu n’ont eux d’autres choix que de rendre l’antenne ou de diffuser la vidéo depuis le compte Facebook de Macron.
Cela bouleverse la relation média et politiques, remet en questions tous les équilibres et les situations établies. L’évènement politique peut se faire sans les médias, une fois que l’on a comprit ça, devenu son propre média, le candidat, l’élu prend ses propres décisions, fait son propre agenda, récupère la maîtrise du temps, du message, du format.
En Marche a ainsi annoncé vouloir devenir un média (voir l’article du parisien).
Ce constat a été fait, est désormais totalement acté par les états majors politiques, cette nouvelle donne est totalement intégré dans la stratégie de communication politique des états majors des partis.
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